Catholiques et changement climatique

Nous les Catholiques, pratiquants ou traditionnels, vivons dans le monde entier. Nous chérissons notre maison commune, cette magnifique Terre, aussi bien que ses habitants. Nous considérons toute la création comme un trésor. “Le défi urgent concernant la protection de notre Maison commune inclut la responsabilité de rassembler toute la famille humaine pour rechercher un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer.” (Encyclique Laudato Si’ du Pape François)

Un tiers d’entre nous vivent au Canada, en Europe et aux États-Unis. Les deux-tiers d’entre nous vivent dans les Pays du Sud — notamment en Amérique Centrale et en Amérique du Sud, au Mexique, dans les Caraïbes, en Afrique, en Asie et au Moyen-Orient. Celles et ceux qui vivent au Sud subissent les conséquences les plus graves du changement climatique. De sévères conditions météorologiques (telles que les inondations et la sécheresse) et la pollution de l’air et de l’eau sont en train de détruire les terres et la santé des gens ainsi que leur économie de survie. De même, dans les nations dominantes du Nord, l’impact de l’urgence climatique affecte plus durement les populations autochtones et les personnes de couleur — principalement les femmes, les jeunes personnes, les personnes pauvres et les personnes migrantes.

Pour jouer un rôle significatif dans l’élimination du changement climatique et les efforts pour en guérir, nous devons avoir à l’esprit une vision globale de qui nous sommes et la compréhension la plus large de l’histoire de notre peuple. Cela implique d’examiner directement le génocide, la colonisation, l’esclavagisme, l’impérialisme ainsi que la domination masculine et le sexisme. Nous les Catholiques européens et nos descendants avons été opprimés et nous avons reproduit cette oppression sur d’autres peuples et territoires. Le catholicisme s’est entremêlé avec l’impérialisme. Des automatismes d’avidité et de pouvoir se sont infiltrés dans notre culture et ont exploité la planète.

Quelles qu’aient été nos souffrances sous l’effet de l’oppression, les destructions climatiques nous obligent à mettre la priorité sur les besoins et les intérêts des personnes qui sont actuellement les plus impactées par celles-ci : les femmes, les jeunes personnes, les populations autochtones, les personnes de couleur et les populations des Pays du Sud.

Nous devons écouter celles et ceux qui ont acquis une sagesse vis-à-vis de la terre — les populations dont la voix a été délibérément marginalisée. Nous devons comprendre la Doctrine de la Découverte et son rôle dans la confiscation des ressources naturelles appartenant aux populations autochtones ; dans la pollution de leurs terres, de leurs eaux et de leur air ; et dans les tentatives de génocide envers elles.

Nous devons affronter et comprendre le caractère destructif de notre système économique et de ses institutions sociales. Des automatismes d’avidité et d’exploitation affectent à présent l’ensemble du monde. Certains d’entre nous consomment trop et gaspillent les ressources tandis que d’autres manquent des ressources les plus fondamentales nécessaires à leur survie.

Nous devons écouter les femmes. En tant que principales pourvoyeuses de soin, on peut compter sur les femmes pour lutter en faveur de la préservation de la planète pour leurs enfants.

Nous pouvons récupérer notre humanité et nos liens les plus étroits les un·e·s avec les autres — liens qui ont été au centre de notre religion et de notre culture catholiques à travers les époques et à travers les frontières et les origines ethniques — quelles que soient leurs distorsions provoquées par des sociétés motivées par les “profits avant les gens“.

Nous devons rejeter et éliminer la séparation qui maintient les groupes dominants dans l’ignorance à propos de l’impact du changement climatique sur les populations autochtones et les personnes de couleur. Nous devons écouter et suivre le leadership des populations les plus impactées.

Historiquement, nos expériences de vie nous ont blessé·e·s émotionnellement, et notre travail pour éliminer les destructions climatiques ira en s’améliorant si nous guérissons de ces blessures. Pour en guérir, il faudra notamment :

  • Comprendre que nous sommes de bonnes personnes et que nous aimons le monde
  • “Apprendre à accepter [notre] corps, à en prendre soin et à en respecter la signification la plus profonde” (Encyclique Laudato Si’ du Pape François)
  • Avoir de plus en plus de compassion pour les autres et agir de façon solidaire
  • S’assurer que personne n’est laissé de côté
  • Mettre en cause tout déni de la réalité du changement climatique
  • Remettre en cause le désespoir grâce à l’espoir porté par la communauté
  • Comprendre que nos difficultés sont ancrées dans le passé
  • Interrompre nos automatismes de “fuite en avant”, surtout en mettant fin à la surconsommation
  • Éliminer notre dépendance personnelle vis-à-vis des combustibles fossiles, des pesticides et des plastiques ; éliminer nos pratiques gaspilleuses d’énergie
  • Reconnaître que les systèmes d’exploitation sont la source du problème et que les gens sont suffisamment puissants pour les réformer
  • Avoir le courage d’être vulnérables
  • Se souvenir que nous guérissons la planète pour le bien des enfants du monde
  • Récupérer notre audacieuse intégrité
  • Comprendre suffisamment la Doctrine de la Découverte pour en éliminer les conséquences
  • Nous connecter avec fierté avec tous les Catholiques

Les personnes de tradition catholique sont précisément celles qui peuvent jouer un rôle-clé dans la restauration de notre monde bien aimé.

 La Doctrine de la Découverte est un ensemble de documents ayant établi une justification spirituelle, politique et légale de la colonisation et de la confiscation de terres non-habitées par les Chrétiens. Elle est invoquée depuis la publication d’une bulle papale intitulée “Inter Caetera“ par le Pape Alexandre VI en 1493.

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