Bâtir des mouvements unis et résilients pour mettre fin à l’urgence climatique

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Nous qui sommes impliqué·e·s dans des mouvements sociaux avons constitué et constituent toujours une force puissante dans la lutte en faveur de la justice dans le monde entier. Nous avons organisé des mouvements pour contrecarrer de nombreuses formes d’oppression — le classisme, le sexisme, le racisme, l’homophobie, ainsi de suite, et leurs manifestations à travers les guerres, la destruction des terres, la déshumanisation des gens et les génocides. Nous nous sommes rassemblés pour établir des relations, des communautés, des organisations et des alliances afin de bâtir une société juste qui permette à la Terre et à chaque être vivant de prospérer.

Nos mouvements font pencher la balance du côté de la justice

Nos mouvements font pencher la balance du côté de la justice

Nos mouvements ont changé le cours de l’histoire humaine et amélioré les conditions au bénéfice de l’humanité et du monde dans lequel nous vivons. Nous avons œuvré ensemble pour transformer les sociétés. Nous pouvons nous inspirer de nombreux mouvements, parmi ceux-là:

  • Dès le début des années 90, les femmes du Bangladesh ont lutté pour libérer leur pays du joug colonial tout en améliorant le statut des femmes.
  • En 1973, les habitants de Guinée-Bissau sont parvenus à l’unité de cinq tribus autochtones afin d’obtenir leur autonomie et se débarrasser d’un héritage esclavagiste et colonial. 
  • Dans les années 70, durant la période de loi martiale aux Philippines, les peuples autochtones de la Cordillera ont empêché la construction du barrage sur la rivière Chico.
  • Dans les années 90, les populations autochtones zapatistes du Chiapas, au Mexique, ont mené une lutte revendiquant des terres, des moyens de subsistance, l’auto-détermination et la démocratie.
  • Actuellement, le mouvement des travailleurs sans terre, Movimento dos Trabalhadores Sem Terra (MST), réclame des terres, la protection des traditions, la préservation des semences pour l’agriculture organique, et lutte pour des moyens décents de subsistance.

Aux États-Unis, les luttes passées — pour les droits civiques ; les droits tribaux ; la libération des Africains-Américains, des Amérindiens, des Asiatiques-Américains, des femmes, des travailleurs et des personnes LGBTQ ; et pour la solidarité internationale, le désarmement nucléaire et la fin de la guerre au Vietnam — ont ouvert la voie à des mouvements plus récents — Black Lives Matter, Standing Rock, Me Too, Occupy Wall Street, No Ban No Wall et Sunrise.

Quand nous agissons ensemble au sein d’un front uni, nous sommes une force puissante. Nous pouvons affronter les plus grands défis de notre temps — mettre fin à l’urgence climatique et créer un monde juste et durable. Nous pouvons faire en sorte que la Terre et ses habitants prospèrent à la fois au présent et dans l’avenir.

L’oppression fait dérailler nos mouvements

Aussi formidable que soit notre puissance collective, nous avons également connu la défaite. Nous avons dû nous confronter à l’oppression systémique. Souvent, l’oppression a également sapé notre unité et affaibli notre force. D’énormes sommes d’argent sont dépensées pour maintenir en place le système oppressif par l’intermédiaire de politiques et de pratiques d’exploitation.

Beaucoup de nos difficultés proviennent de l’oppression — qu’elle soit systémique, interpersonnelle ou intériorisée. L’oppression systémique est la façon dont les institutions sociétales permettent à certains groupes humains de dominer d’autres groupes humains et de dominer la Terre et tous les êtres vivants. L’oppression interpersonnelle est la façon dont l’oppression systémique se manifeste dans nos relations et nous fait nous dresser les un·e·s contre les autres au lieu de lutter ensemble pour changer le système oppressif. L’oppression intériorisée est la façon dont l’oppression systémique se manifeste en nous-mêmes, influençant notre cœur et notre esprit ; nous intériorisons les messages blessants, nous nous sentons découragé·e·s et impuissant·e·s, et nous n’arrivons pas à lutter pour nos propres intérêts.

L’oppression, sous ses nombreuses formes, existe dans nos mouvements, nos organisations, nos relations et en nous-mêmes. Il n’existe aucun mouvement qui n’ait pas été impacté négativement, qui n’ait pas été dévoyé ou qui n’ait pas perdu son élan à cause de conflits non résolus provoqués par l’oppression. Les efforts du passé pour transformer les sociétés ont souvent été incapables de se débarrasser des effets des anciennes institutions oppressives. Même lorsque les institutions oppressives sont réformées, l’oppression et l’exploitation de l’ancienne société réapparaît sous de nouvelles formes. Les limitations de nos mouvements reflètent notre incapacité à annuler l’impact du fait que nous vivons dans des sociétés oppressives.

D’après l’histoire, nous savons que nous aurons à affronter de formidables obstacles externes, y compris la désinformation et la violence d’état, à mesure que nous tentons de changer les structures de pouvoir bien établies. Nous avons besoin de tout le monde, si nous voulons être capables de bâtir un mouvement uni et résilient — et pour réunir tout le monde, nous devons nous extirper des griffes de l’oppression. Nous pouvons trouver des terrains d’entente et poursuivre ensuite en traversant tous les obstacles qui menacent notre unité. En faisant ça, il est important de disposer d’une théorie consensuelle, d’un ensemble d’outils, d’une pratique et de communautés. Cela nous permettre de dépasser les obstacles pour nous retrouver les un·e·s les autres et guérir de l’oppression.

Des groupes avançant malgré l’oppression

Avez-vous, ou quelqu’un que vous connaissez, quitté une relation, une organisation ou un mouvement à cause de “différences irréconciliables” ? Parfois, ces différences sont d’ordre idéologique. La plupart du temps, c’est l’oppression interpersonnelle qui est en jeu. Quelque fois, cette oppression interpersonnelle est confondue avec une différence idéologique. Parfois, le conflit prend racine dans les structures oppressives, les politiques et les pratiques qui régissent nos relations, nos organisations et nos mouvements (et souvent au sein des mêmes groupes grâce auxquels nous espérons démanteler l’oppression !). Il peut alors sembler que la meilleure réponse est de partir.

Et si nous pouvions avoir du soutien pour identifier et gérer les causes profondes de nos luttes interpersonnelles ? Et si nous pouvions nous souvenir qu’éliminer toute forme d’oppression est pour le bien de tou·te·s ? Nous disposons d’une théorie et d’une pratique qui rend cela possible.

Le travail de guérison est un travail de justice sociale

Nous affrontons une urgence climatique. L’humanité se dirige tout droit vers une extinction — de nombreuses formes de vie sont déjà éteintes. Pour inverser ce phénomène, nous devons nous unir. Nous devons travailler ensemble de façon nouvelle et cela implique de comprendre l’oppression et comment elle nous a blessé·e·s, et d’en guérir. Cela implique de nous engager dans un travail émotionnel autant que changer les institutions. La bonne nouvelle, c’est qu’il existe des outils efficaces et très accessibles pour le faire.

Pour bâtir des mouvements unis et résilients afin de mettre fin à l’urgence climatique, nous devons décider de guérir de toutes les formes d’oppression. Nous devons rechercher l’unité, sachant qu’une unité sur le long terme nécessite un processus continuel de réflexion, de gestion, de guérison et de transformation. Nous devons décider que le travail de guérison est un travail de justice sociale.

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