Le pouvoir que possède l’art d’organiser, de relier et d’éduquer a toujours placé les artistes et l’art à l’avant-garde des révolutions et des mouvements sociaux. En cette période, les artistes jouent un rôle clé en attirant l’attention sur la crise climatique et en s’organisant autour d’elle. Les artistes travaillent avec des designers, des architectes et des scientifiques pour créer des environnements et des écosystèmes durables. L’art pour mettre fin à l’urgence climatique communique la réalité de la situation : le déchirement de la perte, de la dévastation et de la destruction, et la possibilité de réparation, de rétablissement, d’équité et de communauté.
Nous sommes tou∙te∙s issus de peuples qui ont utilisé et continuent d’utiliser toutes les formes d’art pour communiquer des idées puissantes et façonner leur vie et le monde qui les entoure. Tout au long de l’histoire, l’art a été utilisé pour franchir les barrières de la communication et pour faire entendre la voix des personnes opprimées. Il est pratiqué par des humains partout dans le monde, les jeunes comme les personnes âgées. Les gens créent de l’art pour penser, exprimer, transformer et imaginer. Des générations de personnes préservent la culture et l’intelligence d’un peuple en créant des oeuvres d’art. La culture est transmise et préservée à travers son art.
Qu’il s’agisse de nos vêtements, de nos parures, de nos paroles, de nos chants, de nos danses, de notre architecture, de nos peintures ou de nos photographies, l’art reflète et peut restaurer notre lien et notre interdépendance les un∙e∙s avec les autres, avec les territoires et avec la Terre elle-même. L’art fait partie intégrante du mode de vie des peuples autochtones et de la Majorité Globale*1. La création artistique a été un moyen essentiel de partager des générations de leur savoir et de montrer les relations bienveillantes avec la terre, l’eau, les peuples et les autres êtres vivants.
Cependant, avec le développement du capitalisme et de l’oppression, les artistes et leur art sont souvent réduits à l’état de marchandises, de produits à échanger et à rentabiliser. La culture est achetée et vendue. Le capitalisme modifie directement les types de créativité que nous considérons comme valables. Dans notre société de consommation, la standardisation, la quantité et le profit sont les principaux objectifs. Un très petit pourcentage d’artistes fait maintenant partie d’un marché mondial d’investissement qui aide à accroître la richesse de la classe possédante. La plupart des artistes sont rémunérés, tout au plus, à hauteur d’une petite fraction de la valeur de leurs oeuvres d’art, ce qui instaure une culture de la rareté et de la concurrence. Ces forces oppressives peuvent avoir un impact sur notre capacité humaine inhérente à la pensée et à l’action créatives, sur notre initiative et notre engagement à faire de l’art, et sur nos liens les un∙e∙s avec les autres.
De nombreux artistes pauvres et de la classe ouvrière qui ne sont pas originaires des pays dominants au niveau mondial sont exploités pour faire de l’art destiné à la production de masse pour des salaires d’esclaves et de misère. Leurs oeuvres d’art sont exportées et acheminées vers les marchés du Nord pour que les acheteurs les consomment en toute inconscience. Ce cycle de production de masse, de consommation et d’extraction de notre environnement naturel est au coeur de la crise climatique.
Les artistes et notre art jouent un rôle essentiel dans l’effort collectif de construction et de lutte pour un monde juste et un environnement prospère. Comme les autres, nous avons besoin d’occasions de partager et de célébrer nos efforts, nos succès et nos défaites. Sustaining All Life offre des outils pour que nous, les artistes, puissions nous remettre de l’impact du travail dans des systèmes d’exploitation et d’oppression, y compris la concurrence pour des ressources limitées et la marginalité à laquelle beaucoup d’entre nous sont confrontés. Avec ce soutien, nous pouvons continuer à construire un front uni et à créer des oeuvres d’art qui nous engagent, nous inspirent et nous font avancer vers un monde durable où nous vivons en harmonie les un∙e∙s avec les autres et avec tout ce qui nous entoure, un monde où nous sommes au centre de notre vie, de nos communautés et de nos mouvements.
*Les peuples d’Afrique, d’Asie, des Îles du Pacifique, des Caraïbes et d’Amérique Latine, et ceux qui en descendent, représentent plus de quatre-vingts pour cent de la population mondiale. Ces peuples occupent également la majeure partie des terres émergées de la planète.
L’utilisation du terme “Majorité Globale (MG)” pour ces personnes reconnaît leur statut de majorité dans le monde et interrompt la façon dont la culture dominante (américaine et européenne) leur attribue un statut de minorité.
De nombreuses personnes appartenant à la Majorité Globale et vivant dans des pays de culture dominante ont été assimilées de force à la culture dominante, afin de survivre, de rechercher une vie meilleure pour elles-mêmes et leur famille, ou d’obtenir l’inclusion économique, politique ou autre de leur communauté. Le fait de qualifier ces personnes de “Majorité Globale” contredit l’assimilation.
