Notre perspective
Nous soutiendrons l’existence et le leadership des Autochtones. Les populations à travers le monde doivent faire tout ce qui est nécessaire pour guérir des effets de toutes les politiques génocidaires passées et présentes qui ont été imposées aux peuples autochtones. Nous nous élevons contre toutes les politiques génocidaires actuelles et nous nous engageons à les éliminer. Nous supprimerons tous les obstacles empêchant de connaître, de soutenir et de suivre le leadership des peuples autochtones, dont nous occupons tous les terres et exploitons les ressources.
Préserver la Terre, les traités et la souveraineté autochtone
Préserver la Terre, honorer les traités avec les peuples autochtones et respecter la souveraineté autochtone sont des notions profondément liées. Les peuples autochtones ne séparent pas ces choses-là. Elles sont considérées comme une seule et même question.
Remettre en cause nos visions culturelles du monde
La plupart d’entre nous ont été élevé·e·s au sein de cultures qui conditionnent notre vision du monde à travers le prisme de luttes incessantes pour la domination et l’exploitation. Si on ne domine pas la situation dans laquelle on se trouve, on peut avoir le sentiment d’être soit ignoré·e, soit obligé·e de se soumettre à la domination de quelqu’un d’autre.
On peut avoir le sentiment que la notion de “propriété privée” donne le droit d’exploiter “son” bien comme on l’entend. Beaucoup de peuples autochtones ne croient pas que la Terre Nourricière puisse être possédée. La terre est considérée comme un bien commun par la Tribu et préservée pour nourrir les humains et d’autres espèces, et en tant qu’habitat pour les générations actuelles et futures.
Beaucoup de populations non-autochtones sont éduquées pour considérer la vie comme une lutte entre le bien et le mal. Cette vision du monde a souvent été imposée de façon violente par le châtiment ou les menaces de châtiment — dans cette vision du monde, ce qui est mal doit être puni. Le châtiment a été institutionnalisé à travers des systèmes de “justice criminelle”. Même si l’on est philosophiquement opposé·e à cette vision du monde et à ces institutions, elles peuvent cependant nous affecter à un niveau inconscient ; par exemple, on peut farouchement souhaiter que les délinquants environnementaux soient punis pour les méfaits. Ces sentiments sont compréhensibles, mais en général ils reflètent une vision du monde non-autochtone.
D’un autre côté, beaucoup de peuples autochtones ont été éduqués et/ou ont baigné dans un ensemble de notions culturelles différentes de ce qui précède. La possibilité d’écouter, de respecter et d’absorber ces différentes perspectives est un cadeau pour quiconque en a l’occasion. Par exemple, alors qu’une personne non-autochtone pourrait penser d’abord et avant tout à la dichotomie entre bien et mal, une personne autochtone sera davantage portée à évaluer si les choses sont en équilibre harmonieux et à se préoccuper de la façon de rétablir au mieux équilibre et harmonie.
Bien entendu, il existe de nombreuses cultures autochtones et donc de nombreux jeux différents de valeurs culturelles susceptibles d’informer chacun·e sur la réalité. Malheureusement, à ce stade, beaucoup de cultures autochtones ont été profondément affectées/altérées par la colonisation — par exemple, l’imposition systématique de croyances et de pratiques religieuses non-autochtones sur des peuples autochtones, et les normes culturelles imposées par les institutions éducatives de la culture dominante. Il est par conséquent important d’être conscient·e des effets de la colonisation sur les cultures et les peuples autochtones.
Apprendre à respecter les styles de leadership autochtone
Beaucoup de personnes autochtones ont survécu au génocide en se cachant, en évitant de trop se distinguer au sein de milieux non-autochtones. En même temps, beaucoup de personnes non-autochtones ont été subtilement entraînées à ne pas remarquer la présence ou l’influence des personnes autochtones — en fait, à les “faire disparaître” même quand elles sont présentes dans la même pièce. Cette dynamique est le résultat de l’histoire génocidaire et peut se faire jour de différentes manières. Par exemple, une personne autochtone qui est un·e dirigeant·e visible dans un milieu non-autochtone pourra ressentir trop de peur pour pouvoir facilement respirer la confiance. Et trop souvent, une personne autochtone pourra faire une proposition intelligente qui est totalement ignorée mais qui est ensuite reprise par une personne non-autochtone à qui l’on attribue tout le crédit. De plus, les dirigeant·e·s autochtones n’auront pas tendance à fortement dominer des groupes à la façon dont on l’attend de la part de “puissant·e·s” dirigeant·e·s non-autochtones. Il est très important que tou·te·s les participant·e·s apprennent à se tenir tranquille, à écouter avec respect et à permettre aux dirigeant·e·s autochtones d’assumer une place de leadership de quelque façon qui leur convient sans imposer des ordres du jour ou des sentiments non-autochtones concernant les questions environnementales.
Des choses à apprendre
Les luttes de 2016-2018 contre la construction de l’oléoduc Dakota Access, proche de la Réserve Indienne de Standing Rock, ont été profondément marquantes, et pas seulement en tant que mouvement de protestation. Standing Rock a mis en évidence l’aspect moderne des politiques et des actes guerriers génocidaires. Standing Rock a mobilisé la résistance autochtone à un acte de guerre mené contre des populations autochtones par les intérêts de compagnies soutenues par les politiques du gouvernement fédéral des USA et par celui de certains états. Les intérêts de la classe possédante non-autochtone se sont dressés contre ceux des populations autochtones et contre les accords de traité. À Standing Rock, un vaste rassemblement intertribal a provoqué un face-à-face afin de défendre la terre autochtone et les droits liés à l’eau pour le bénéfice de toute la population.
Il est important et utile de se familiariser avec les traités qui ont été signés par le gouvernement et la(les) tribu(s) locale(s) dans la zone géographique où vous travaillez. Beaucoup de ces traités sont quotidiennement violés par des personnes non-autochtones qui ignorent l’existence continue des populations autochtones, et qui ne croient pas que leurs droits territoriaux et ceux liés aux ressources ont une valeur quelconque. Une telle attitude constitue un génocide actif envers les populations autochtones avec comme objectif ultime la confiscation et la privatisation des terres. Beaucoup d’excuses sont employées pour justifier ces attitudes.
Si vous vivez aux États-Unis, il est utile d’apprendre ce que signifient les expressions suivantes en rapport avec les Étasuniens autochtones et non-autochto-nes : territoire cédé, souveraineté autochtone, auto-détermination, attribution, assimilation, réorganisation indienne, démantèlement tribal, versement de la rente, droits usufruitiers, reconnaissance fédérale, Internats pour Amérindiens, Bureau des Affaires Indiennes (BIA). Ces expressions se réfèrent à des politiques et des questions intimement liées au génocide continuel des Autochtones Nord-Américains.
Si vous vivez en dehors des États-Unis, c’est une bonne idée d’apprendre comment les lois et les institutions de votre pays affectent les populations autochtones.
Bâtir des relations
Une grande partie du travail pour mettre fin au génocide dépend de notre capacité d’établir de véritables relations d’amitié avec des personnes autochtones. Si cela représente une difficulté pour vous, il est peut-être sensé de commencer par établir une amitié avec des personnes ayant une origine autochtone mais qui ont été élevées dans une culture semblable à la vôtre (par exemple, des personnes ayant une origine autochtone mais qui ont grandi dans un milieu blanc, Noir ou Latino/a). Dans ces relations, vous pouvez explorer et commencer à comprendre les éléments autochtones de leur patrimoine culturel et apprendre à reconnaître les effets du génocide sur ceux-ci. Ces personnes sont sans doute suffisamment semblables à vous pour que vous vous sentiez relativement confortable avec elles ; c’est pourquoi des relations avec ces personnes représentent une bonne amorce de travail. Mais leurs histoires familiales pourront être très différentes de la vôtre, et leurs forces et leurs difficultés ne seront peut-être pas identiques aux vôtres.