Pour résoudre la crise climatique, l’humanité doit très rapidement mettre fin aux émissions de dioxyde de carbone, de méthane et d’autres gaz à effet de serre partout dans le monde. Cela signifie qu’il faut mettre fin à notre utilisation globale des combustibles fossiles, adopter à grande échelle les énergies renouvelables et les pratiques agricoles régénératrices, inverser la déforestation et adopter un régime alimentaire principalement à base de plantes.
Emissions must be eliminated everywhere
Les émissions des pays les plus riches sont la principale cause de la crise climatique. Les pays les plus riches du monde sont actuellement responsables de 40 % de toutes les émissions, alors qu’ils ne représentent que 16 % de la population mondiale. Il est essentiel de mettre fin aux émissions des pays riches pour faire face à l’urgence climatique.
Atteindre zéro émission dans les pays riches actuellement très émetteurs ne sera cependant pas suffisant. Bien que de nombreux pays du Sud aient peu contribué à la crise climatique, on estime que d’ici 2030, plus de la moitié des émissions mondiales proviendront des pays économiquement émergents (même si l’on ne tient pas compte des émissions de la Chine).
L’élimination des émissions provenant des pays du Sud sera essentielle pour résoudre la crise climatique et améliorera la santé publique et la prospérité dans ces pays. Nous devons éliminer les émissions partout, car les émissions, où qu’elles soient, provoquent des changements climatiques partout.
L’exploitation et l’extraction historiques et actuelles limitent les ressources de la plupart des pays du Sud pour l’atténuation, l’adaptation et les pertes et dommages.
Tous les pays doivent avoir les moyens de développer une infrastructure énergétique et d’assurer une bonne vie à leur population. De nombreuses nations du Sud manquent de ressources parce que les pays plus riches extraient leurs ressources depuis des années sans compensation équitable. Les pays du Nord continuent de s’approprier les richesses des nations qu’ils ont autrefois colonisées. Les estimations de la valeur des ressources prélevées sont actuellement de l’ordre de 2 200 milliards de dollars par an.
En plus de perdre des ressources précieuses au profit des pays du Nord, les pays du Sud ont contracté de lourdes dettes, dont une partie a été nécessaire pour payer les dommages climatiques que ces pays n’ont que peu ou pas du tout causés. De nombreux prêts accordés par des pays riches ont obligé les pays du Sud à dépenser les fonds empruntés pour acheter des biens et des services au pays donateur dans le cadre de projets approuvés par ce dernier — ce qui s’est traduit, par exemple, par la construction de centrales électriques au charbon ou de routes pour desservir des infrastructures pétrolières qui ont profité au pays donateur et laissé le pays bénéficiaire plus endetté. Le paiement de ces dettes, y compris la dette due à la Banque Mondiale et au Fonds Monétaire International (FMI), continue de drainer les ressources des pays du Sud, ne leur laissant aucune ressource pour éliminer les émissions actuelles (par exemple en passant aux énergies renouvelables), s’adapter aux effets du changement climatique ou payer pour les immenses pertes et dommages causés par le changement climatique.
Sources de soutien économique pour les pays du Sud et de la ligne de front
Le financement des solutions à la crise climatique mondiale doit être notre priorité absolue. Les sommes nécessaires sont loin d’être à la portée des nations du Sud. On estime que d’ici 2030, ces nations auront besoin de 1 000 milliards de dollars par an de financement climatique provenant de sources extérieures. Si nous n’allouons pas d’importantes sommes d’argent pour faire face à la crise climatique, nous risquons de mettre en péril la survie de notre espèce.
En 2009, les nations du Nord se sont engagées à mobiliser 100 milliards de dollars par an de financement climatique pour le Sud d’ici 2020. Même ce montant insuffisant n’a pas encore été fourni. Où pouvons-nous trouver l’argent ? Comment réunir ces fonds sans faire peser un fardeau supplémentaire sur la classe ouvrière et les pauvres ?
La fiscalité et les stratégies de “Juste Part”
Une stratégie clé pour générer des ressources économiques consiste à taxer les entreprises de combustibles fossiles les plus riches. Lors de la COP27, le secrétaire général de l’ONU et certaines petites nations insulaires ont proposé que toutes les nations taxent les bénéfices des compagnies pétrolières pour payer les pertes et les dommages causés par le changement climatique. Ils ont noté que les six plus grandes entreprises de combustibles fossiles ont réalisé environ 75 milliards de dollars de bénéfices au cours du premier semestre 2022, ce qui est suffisant pour payer le coût des principaux dommages climatiques dans les pays du Sud. Une étude de 2023 a proposé que les 21 plus grandes entreprises de combustibles fossiles paient des réparations pour les dommages climatiques qui devraient être causés par leurs produits entre 2025 et 2050, soit, selon les calculs, environ 5 400 milliards de dollars.
Nous pouvons également taxer les personnes fortunées et les hauts revenus annuels. L’inégalité des richesses à l’échelle mondiale est grande, et elle s’accroît. Les 500 personnes les plus riches du monde ont ajouté en moyenne 14 millions de dollars par jour à leur richesse au cours des 6 premiers mois de 2023. Les 1 % les plus riches du monde ont gagné 74 fois plus de richesse que les 50 % les plus pauvres au cours des 10 dernières années. Les 10 multimilliardaires les plus riches possèdent désormais plus de richesses que les 3,1 milliards de personnes les plus appauvries.
La juste part
Les campagnes “fair share” proposent que les pays du Nord paient leur “juste part” du coût de la lutte contre la crise climatique. La plupart des campagnes recommandent que les justes parts soient calculées en fonction de ce qui suit : 1) la responsabilité historique de chaque nation dans la cause de la crise climatique par leurs émissions cumulées, et 2) la capacité de chaque nation à payer, en fonction de leur richesse nationale au-delà de ce qui est nécessaire pour assurer un niveau de vie acceptable à leur population.
Au sein de Sustaining All Life (SAL), nous recommandons que les “justes parts “ soient entièrement basées sur la capacité à payer. Toutes les ressources excédentaires doivent être utilisées pour résoudre l’urgence climatique. En partageant les richesses du monde, nous pouvons résoudre cette crise et avancer à grands pas vers la création d’un monde meilleur.
En plus de la fiscalité et des stratégies de partage équitable, nous pouvons :
- Éliminer les subventions actuelles aux combustibles fossiles (Les subventions gouvernementales actuelles s’élèvent à plus de 500 milliards de dollars par an pour des activités qui causent 6 000 milliards de dollars par an d’effets néfastes).
- Annuler la dette des nations du Sud
- Réformer la Banque Mondiale, le Fonds Monétaire International et d’autres banques multilatérales afin de fournir des prêts à faible taux d’intérêt ou sans intérêt aux nations du Sud pour l’action climatique, sans conditions.
- Réduire considérablement les budgets militaires des États-Unis et d’autres pays ayant d’importantes dépenses militaires et réorienter cet argent vers des projets d’adaptation et d’atténuation des effets du changement climatique.
Le succès est possible et nécessaire
Malgré les défis évidents que représente le fait de persuader les personnes et les gouvernements des pays riches d’adopter ces stratégies de génération de ressources, nous pensons que cela peut être accompli parce que :
- Fournir ces fonds est le seul plan d’action qui puisse arrêter et inverser le réchauffement de la planète
- Les importantes sommes d’argent nécessaires peuvent provenir de ceux qui possèdent une grande richesse.
- Mettre fin à la crise climatique est dans l’intérêt des pays riches comme des pays pauvres.
- Mettre fin à la crise climatique serait un grand pas en avant vers l’équité et la justice dans le monde.
- Les êtres humains ont une immense capacité à prendre soin les uns des autres et peuvent être inspirés à se considérer comme faisant partie d’une communauté mondiale qui s’unit pour préserver toute forme de vie.
Un travail personnel
Les habitants de l’hémisphère nord ont un travail personnel et interne à faire pour agir avec audace et équité afin de résoudre l’urgence climatique. Nous pouvons :
- Admettre la gravité de l’urgence climatique.
- Accepter la responsabilité de nos nations dans la création de la crise climatique et de l’inégalité des richesses à l’échelle mondiale.
- Approfondir notre compréhension de l’histoire du colonialisme et du néocolonialisme qui ont enrichi le Nord tout en appauvrissant le Sud.
- Approfondir notre compréhension du rôle actuel de la cupidité dans les pays du Nord.
- Affronter les effets du racisme sur le plan personnel, national et mondial.
- Remarquer nos sentiments de désespoir, d’impuissance, de désespérance, d’insignifiance et de solitude, sans vous laisser arrêter par ces sentiments.
- Remarquer où nous (et les autres) avons été conditionnés à vouloir plus que ce dont nous avons besoin pour nous-mêmes, notre peuple et notre nation. Au lieu de cela, nous pouvons nous engager pleinement à respecter les principes selon lesquels tout le monde, partout, est important et que nous pouvons construire une société mondiale équitable qui fonctionne pour tout le monde.
Pendant que nous faisons ce travail personnel, il nous sera utile d’être écoutés par une personne bienveillante qui accueille l’expression ouverte de nos sentiments. Il est utile de libérer nos sentiments douloureux en parlant, en pleurant, en riant, en tremblant de peur et en exprimant notre colère. En nous déchargeant de ces fardeaux émotionnels, nous augmentons notre capacité à agir avec audace et efficacité. Les “échanges d’écoute” de Sustaining All Life (SAL) sont un outil efficace pour les individus et les groupes pour faire ce travail.
Actions à entreprendre dès maintenant
Nous pouvons tou∙te∙s communiquer clairement que nous devons travailler pour collecter les fonds qui permettront à l’ensemble de l’humanité d’éliminer les émissions, de s’adapter au changement climatique et de payer pour les pertes et les dommages. Nous pouvons également :
- Diffuser cette compréhension et renforcer le soutien au financement équitable
– au sein de nos propres organisations et parmi nos contacts
– dans l’ensemble du mouvement climatique
– dans le grand public - Travailler à l’élimination du racisme dans le mouvement climatique et dans la population en général. (Le racisme a souvent pour conséquence que les Blancs des pays riches sont incapables de répondre sérieusement aux besoins ou de suivre l’exemple des peuples et des nations de la Majorité Globale* et des peuples indigènes/autochtones).
- Plaider pour l’annulation de la dette des nations du Sud et pour la refonte des institutions financières multinationales.
- Plaider pour l’élimination immédiate des subventions aux combustibles fossiles et la réorientation des fonds des budgets militaires du Nord vers l’action climatique dans le Sud.
- Plaider pour que les nations du Nord s’engagent à partager équitablement le financement de la lutte contre le changement climatique, en levant des fonds comme décrit dans cet article.
- Aider d’autres personnes à faire le “travail personnel” énuméré ci-dessus.
Pas besoin d’attendre
L’une des idées clés de Sustaining All Life est qu’il est possible pour chacun∙e d’entre nous d’agir en dépit de nos sentiments de découragement. Nous n’avons pas besoin d’attendre d’être confiants, de ne pas avoir peur ou d’être sûrs de réussir. Nous pouvons agir maintenant, avec toutes nos incertitudes, pour nous connecter avec d’autres personnes et construire un mouvement puissant en faveur de l’équité mondiale dans le financement du climat.
* Les peuples d’Afrique, d’Asie, des Îles du Pacifique, des Caraïbes et d’Amérique Latine, et ceux qui en descendent, représentent plus de quatre-vingts pour cent de la population mondiale. Ces peuples occupent également la majeure partie des terres émergées de la planète.
L’utilisation du terme “Majorité Globale (MG)” pour ces personnes reconnaît leur statut de majorité dans le monde et interrompt la façon dont la culture dominante (américaine et européenne) leur attribue un statut de minorité.
De nombreuses personnes appartenant à la Majorité Globale et vivant dans des pays de culture dominante ont été assimilées de force à la culture dominante, afin de survivre, de rechercher une vie meilleure pour elles-mêmes et leur famille, ou d’obtenir l’inclusion économique, politique ou autre de leur communauté. Le fait de qualifier ces personnes de “Majorité Globale” contredit l’assimilation.
